Il nous arrive tous de se retrouver dans un état de détresse émotionnelle. Sans trop savoir pourquoi, nous éprouvons de l'anxiété, sommes temporairement déprimés ou en colère.
1. Comment suis-venue à me sentir ainsi? Que s'est-il passé? Que me suis-je dite? Qu'ai-je imaginé?
- Comment en suis-je venue à me fâcher?
- Cela a commencé lorsque Carole ne m'a pas invitée à m'asseoir avec elle, au souper.
- Qu'est-ce que cela signifie pour moi?
- Personne ne m'aime.
3. Est-ce que j'utilise des généralisations excessives dans mes pensées? Est-ce que j'amplifie la porté des événements? Est-ce que j'exagère? Est-ce que je dramatise?
- Est-ce que j'exagère dans ce jugement? Il n'y a absolument personne qui m'aime? Jamais?
- J'exagère, oui. C'est de Carole dont il est question ici. Carole ne m'aime pas. Et encore là, c'est l'impression que j'ai eue d'elle aujourd'hui seulement.
- Je me base sur quoi, pour penser cela?
- Sur peu de choses. Elle ne m'a pas invitée à sa table aujourd'hui.
- Peut-il y avoir une autre raison qui l'amène à ne pas m'inviter à sa table? Ce geste peut-il avoir un autre sens?
- Peut-être voulait-elle être seule ce midi. peu-être attendait-elle une autre personne. Peut-être ne m'a-t-elle pas vue.
- Est-ce déjà arrivé? Me l'a-t-il annoncé?
- Non, c'est une peur que j'ai. Cela ne s'est pas produit et il ne m'a rien dit à ce sujet-là. C'est que je ne me trouve pas très efficace ces temps-ci et je me juge sévèrement.
- Ai-je besoin de plus d'information?
- Oui. Je vais aller m'informer, plutôt que de m'inventer des explications désagréables.
8. Est-ce que je pense en terme de tout ou rien? De noir ou blanc? Y a-t-il des nuances à faire?
- Est-ce que je pense en terme de tout ou rien?
- Oui. Je sais que je suis une infirmière compétente. Je sais que je peux apprendre de nouvelles techniques. Je ne suis pas obligée de tout savoir immédiatement pour reconnaître ma compétence dans bien des domaines.
- Que se passait-il alors dans ma vie?
- J'étais en train de me séparer de mon conjoint et j'étais fatiguée. Cela ne s'est pas reproduit par la suite.
- Qu'est-ce qui est différent cette fois-ci?
- C'est vrai que j'ai appris plus à fond ma théorie et que mon professeur de conduite était plus compétent cette fois-ci. De plus, j'ai appris à me détendre.
11 Est-ce que je traite un événement à faible probabilité de se produire comme un événement à forte probabilité de se réaliser?
- Est-ce que je vois l'événement comme très probable alors qu'il s'agit d'un événement possible mais peu probable?
- C'est vrai. C'est possible mais peu probable. Je serais mieux de penser que l'avion vole sans problème plutôt que de le constamment voir tomber: cela correspondrait mieux à la réalité.
- Est-ce que j'oublie des éléments rassurants?
- Oui. Je sais que mes voisins surveillent la maison et que j'ai un bon système d'alarme. De plus, j'ai de bonnes polices d'assurances.
- Quelle autre façon y a-t-il d'envisager la situation?
- Je vais avoir l'occasion d'apprendre de nouvelles choses et de rencontrer de nouvelles personnes qui pourraient être intéressantes. C'est un défi, une occasion d'apprendre.
- C'est une hypothèse. Comment puis-je la vérifier?
- Je lui en parlerai.
- Est-ce que j'accorde trop d'importance à l'opinion de ces gens alors qu'ils m'importent peu.
- Il est vrai que ce sont des personnes que je ne verrai plus. Les gens importants de mon entourage me connaissent et m'apprécient. C'est ce qui m'importe.
- Est-ce que je me pose des questions sans réponse?
- Peut-être! Il est vrai que plusieurs philosophes ont réfléchi toute leur vie à des sujets semblables. Lorsque je pense à ces questions, j'éprouve de plus en plus de gêne et je me déprime de ne pas trouver de réponses satisfaisantes. Peut-être devrais-je mettre mon énergie à trouver la solution de problèmes plus concrets, tel que : "Comment puis-je trouver plus de satisfaction et de plaisir dans ma vie?" ou "Comment puis-je faire pour augmenter les chances d'obtenir ce que je souhaite à partir de la situation actuelle?"
- Suis-je obligée de le farder abstinent pour être satisfaite de moi?
- Non. J'ai fait tout ce que j'avais à faire. J'ai pris tous les moyens à ma disposition. Je suis fière de mes efforts même si, pour des raisons incontrôlables, mes efforts n'ont pas amené les résultats que j'anticipais.
18. Ai-je des attentes réalistes?
- Est-ce que j'ai des attentes réalistes?
- Il est vrai que j'ai perdu du poids mais pas autant que je l'aurais souhaité Peut-être n'était-il pas très réaliste de croire que j'allais perdre tout ce poids si rapidement. Je peux me donner du temps.
- Est-ce que je me concentre à l'excès sur un événement et en oublie d'autres?
- C'est vrai qu'il m'a déjà félicité pour d'autres tâches. Il me connaît bien et je sais qu'il m'apprécie. J'oubliais les félicitations qu'il m'a aussi données.
- Est-ce que je minimise cet événement?
- C'est vrai que j'ai eu du succès. Les gens qui y ont assisté m'ont dit qu'ils appréciaient ma façon de faire. J'en suis fière.
- Suis-je certaine que ces commentaires s'adressent à moi?
- Je n'en ai pas de preuve. Je sais qu'il n'y a pas de raison pour qu'elle pense cela de moi. Elle peut me parler directement si elle a des choses à me dire.
- Quels sont les avantages de penser ainsi?
- Je n'ai pas d'effort à faire.
- Quels sont les désavantages de penser ainsi?
- Il semble frustré. Il est moins proche de moi. Je ne suis pas très fière de me percevoir comme quelqu'un de peu sensible.
- Qu'est-ce que je souhaite?
- Rencontrer des personnes intéressantes.
24. Que puis-je commencer à faire pour augmenter mes chances de voir se produire ce que je souhaite? Quels sont mes choix, mes options, mon alternative?
- Que puis-je faire pour augmenter mes chances que cela se produise?
- Je peux susciter des occasions de rencontres et profiter de celles qui se présentent: demander à mes amis de me présenter leurs amis, participer à des activités sociales, sportives, culturelles, initier des conversations, approcher les gens qui me semblent intéressants.
- Comment verrai-je cette situation dans cinq ans?
- Avec calme et humour. Soit que j'aurai repris ce cours et alors cela n'aura plus d'importance, soit que j'aie tout abandonné pour me consacrer à d'autres priorités. De toute façon, cela m'aura permis d'apprendre qu'il est important d'étudier, de me garder du temps pour exécuter mes travaux et de bien choisir mes cours et les enseignants qui les donnent.
Si vous vous posez ces questions, ou vous vous en servez dans votre entourage ou pour aider vos clients dans le cadre de votre travail, vous vous rendrez de plus en plus à l'évidence que l'humeur varie selon le point de vue adopté. Une perception plus réaliste de nos problèmes permet de nous conserver dans un état plus productif pur les résoudre.
Psychologue en milieu hospitalier depuis près de 30 ans, Bruno Fortin s'intéresse particulièrement aux stratégies d'adaptation face aux situations stressantes de la vie. Il a une vaste expérience d'enseignant et d'animateur d'ateliers. Il est l'auteur et le coauteur de nombreux ouvrages dont Intervenir en santé mentale (aux éditions Fides), La gestion du stress au travail, La gestion des émotions, Se motiver et convaincre, Vivre avec humour (aux éditions CPF.) et le tout dernier Comment améliorer mon médecin? aux Éditions Fides.
© Copyright 1996-2012, Bruno Fortin, psychologue. Tous droits réservés.