Cours no 7: Les points de vue cognitif-behavioral

Distinguer cette approche des autres et en intégrer certains concepts

 

La thérapie cognitive est une méthode de psychothérapie mise au point par le Dr Aaron Beck et ses collègues pour aider les gens à surmonter leurs problèmes émotifs. Cette méthode insiste sur la modification de la manière de penser pour permettre l'amélioration d'états affectifs comme la dépression, l'anxiété et la colère. L'approche cognitive repose sur le modèle selon lequel l'évaluation que l'on fait d'une situation (c'est-à-dire les pensées ou cognitions, incluant les discours intérieurs, images, scénarios, etc.) est un facteur important qui détermine les émotions et les comportements. Le sens que l’on donne à un événement déterminera notre réaction. En retour, les émotions et les états physiologiques sous-jacents influencent les cognitions. Notre état déterminera également en partie le sens que l’on donnera à un événement.

 

Selon le point de vue que l'on adopte, notre humeur change. Un patient peut trouver catastrophique de renverser son verre dans une rencontre sociale, mais cet incident peut lui faire connaître une personne qui sera son ami pour la vie.

 

Il peut sembler également catastrophique de constater que son fils adolescent refuse d’obéir, mais c'est peut-être le signe qu'il devient un adulte autonome capable de s'affirmer et de revendiquer ses droits. Le point de vue que l’on adopte influence notre réaction. Prenons un exemple plus près du monde de la santé.  

 

Un patient qui se prépare pour un examen peut se sentir découragé en pensant: "La douleur sera intolérable." et "Je suis certain qu’ils vont découvrir un cancer virulent en phase avancé."  

 

Les interventions cognitives aident les clients à réorganiser sa façon de penser. Une étape importante du processus est d'apprécier la justesse des pensées mésadaptées. Dans l'exemple ci-haut, l’intervenant s’intéressera avec bienveillance à comprendre le point de vue du patient. Ce questionnement, qualifié de socratique car il vise à ce que la personne découvre les vérités qu’elle porte en elle, sème le doute dans les certitudes déprimantes ou angoissantes. En examinant ses sources d’information et la provenance de ses convictions, le patient finira par constater que ses pensées sont des hypothèses, des éléments d’anticipation craintive qu’il devra réévaluer à la lumière des informations qu’il détient ou qu’il ira chercher. Le questionnement bienveillant le motivera à se mettre en mouvement pour découvrir comment gérer la douleur et comment générer plusieurs hypothèses face aux événements à risque, y compris des hypothèses positives et réalistes.

 

Le patient peut en venir à penser: «Cet examen est désagréable, mais ce n’est qu’un mauvais moment à passer. J'ai déjà subi des examens désagréables antérieurement.» et «Je n'ai pas assez d’information pour conclure immédiatement sur la nature de ma maladie. Je ne peux que faire des hypothèses, y compris celle qu’ils vont découvrir une maladie bénigne et facile à traiter, ou qu’ils vont découvrir quelque chose de désagréable mais que je réussirai à surmonter.». Ces dernières pensées vont probablement amener le patient à se sentir mieux et à mieux composer avec la situation.

 

Il y a toujours plusieurs façons de percevoir ce qui se passe. Voyons maintenant quelques-unes des questions qui permettent de semer le doute dans l’esprit de nos patients.  

 

 

 

1. Vous pensez vraiment cela? Comment en êtes-vous venue à penser ainsi? Avez-vous déjà eu un point de vue différent?  

 

2. Comment en êtes-vous venu à vous sentir ainsi? Que s'est-il passé? Que vous êtes-vous dit? Qu'avez-vous imaginé?

 

3. Quel sens donnez-vous à cet événement? Que signifie-t-il pour vous?  

 

4. Peut-il y avoir une autre explication? Est-il possible que cette situation signifie autre chose que ce que vous croyez?

 

5. Comment verriez-vous cette situation si vous n'étiez pas en détresse? Comment verrez-vous cette situation dans une semaine? Un an? Cinq ans?

 

6. Considérez-vous une simple hypothèse comme une certitude? Comment pourriez-vous vérifier cela?

 

7. Pensez-vous en termes de tout ou rien? De noir ou blanc? Y a-t-il des nuances à faire?

 

8. Vous concentrez-vous à l'excès sur un aspect de la réalité en oubliant le reste? Oubliez-vous vos forces, vos ressources et l'assistance que vous pouvez obtenir?

 

9. Considérez-vous qu'un événement ou une remarque vous concerne personnellement lorsque ce n'est pas nécessairement le cas?

 

10. Que souhaitez-vous? Comment aimeriez-vous que cela se passe? Que pourriez-vous commencer à faire pour augmenter vos chances de voir se produire ce que vous souhaitez? Quels sont les choix possibles?

 

 

Une perception plus réaliste des problèmes amène un état plus productif pour les résoudre. En améliorant la qualité des questions que vous posez à vos clients, vous améliorez la qualité de l'information disponible. Vous augmentez ainsi leur capacité de changer ce qu’ils souhaitent changer.

 

L’approche cognitive behavioriale vise l’augmentation de l’espoir, la maîtrise et l’acquisition de nouveaux comportements. Nous souhaitons que le patient développe une perspective réaliste de soi, des autres et du monde. Nous l’encouragerons à expérimenter des expériences positives correctrices de vérification de la réalité. La réflexion lui permettra d’avoir accès à un ensemble d’explications cohérentes et inspirantes basées sur la logique et l’expérience plutôt que sur des préjugés et des croyances erronées.  

 

 

Par ailleurs, l'évaluation d'une situation repose sur des croyances profondes sur soi et le monde (ces croyances sont appelées schémas). Le travail psychothérapeutique a pour but de développer l'observation de ces composantes (comportements, états physiologiques, émotions, pensées, images) et de leur interaction pour mieux contrôler les états psychologiques (stress, anxiété, dépression, agressivité, etc.) et pour mieux conscientiser et remettre en question les schémas et traits de personnalité qui rendent l'adaptation difficile.

 

L'approche behaviorale vise l'acquisition de comportements adaptés, par exemple: le développement d'habiletés (par exemple, de résolution de problèmes, de communication, de relaxation, etc.), le changement de certains aspects du mode de vie (par exemple, doser le stress), l'adoption de comportements efficaces pour traiter certains troubles comme les phobies, l'obsession-compulsion, etc. Pour ce, il est souvent nécessaire de développer une meilleure connaissance des facteurs qui déterminent les comportements et agir sur ces facteurs. Dans la pratique, les pôles cognitif et behavioral de l'approche sont étroitement imbriqués et complémentaires.  

 

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10 catégories de pensées irréalistes

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 Les principes d’apprentissages

 L’analyse des facteurs qui déterminent les comportements

 La résolution de problèmes

 Les habiletés sociales

 La relaxation

 

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Références

 

Barlow, D. H. et Cerny, J. A. (1988). Psychological Treatment of Panic. New York: The Guilford Press.

Barlow, D.H. et Craske, M. G. (1989). Mastery of Your Anxiety and Panic. Albany, New York: Graywind Publications.

Beck, A. T. et al. (1979). Cognitive therapy of depression. New York: Guilford.  

Beck, A. T., Freeman, A. & Associates (1990). Cognitive Therapy of Personality Disorders. New York: The Guilford Press.

Boisvert, J.-M. et Beaudry, M. (1979). S'affirmer et communiquer, Montréal: Les éditions de l'homme.

Burns, D. (1994). Être bien dans sa peau. Montréal: Éditions Héritage.

Chadwick, P., Birchwood, M. et Trower, P. (1995). Cognitive therapy for delusions, voices and paranoia. New York: John Wiley & Sons.

Chaloult, Louis (2008).  La thérapie cognitivo-comportementale: théorie et pratique.  Montréal: Éditions Gaëtan Morin.  360 pages.

Ladouceur, R., Fontaine, O. et Cottraux, J. (1995). Thérapie comportementale et cognitive. St-Hyacinthe: Edisem.  

Greenberger, Denis et Padesky, Christine (2004).  Dépression et anxiété: comprendre et surmonter par l'approche cognitive, un guide pratique. Montréal: Décarie Éditeur.  264 pages.

Linehan, M. M. (2006).  Traitement cognitivo-comportemental du trouble de la personnalitéChêne-Bourg, Suisse : Médecine et Hygiène. 

Linehan, M. M. (2006). Manuel d'entraînement aux compétences pour traiter le trouble de personnalité état-limiteChêne-Bourg, Suisse : Médecine et Hygiène.

Marchand, A. et Letarte, A. (2004).  La peur d'avoir peur.  Montréal: Les éditions Stanké.216 pages.

Néron, S. (1993). Des outils pour maîtriser l'anxiété et la panique. Montréal: Éditions du Méridien.

Öst, L. G. (1988). Applied relaxation, description of a coping technique and review of controlled studies. Behaviour Research and Therapy, 25, 397-410.

Seligman, M.E.P. (1994). What you can change & what you can't . New York: Alfred A. Knopf.

Young, J. E., Klosko, J. S. et Weishaar, M. E. (2005).  La thérapie des schémas: Approche cognitive des troubles de la personnalité. De Boeck.564 pages

Young, Jeffrey E. et Klosko, Janet S. Je réinvente ma vie. Montréal, Éditons de l'Homme, 2003, 361 p.

 

 

 

 

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Liens pertinents

Psychomedia
Association/Troubles anxieux du Québec
Agoraphobie et phobie sociale
Frédéric Dionne
La psychothérapie cognitivo-comportementale
L’Institut de formation en thérapie comportementale et cognitive (IFTCC)
Le centre de la pensée réaliste

 

 

 

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Interdisciplinarité et intervention

1. L'obligation de travailler ensemble · 2. La gestion des problèmes du travail en équipe · 3. La gestion émotionnelle · 4.Éthique et déontologie · 5.L'empowerment · 6.La rétroaction et la demande de changement · 7. Le point de vue cognitif-behavioral · 8.Le point de vue psychanalytiques · 9. Le points de vue humaniste · 10. Le point de vue systémiques · 11. Le point de vue communautaire · 12. Un plan global d'intervention · 13. L'épidémiologie et l'épistémologie · 14.L'intégration de différentes approches

 

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