Cours no 4: Éthique et déontologie interdisciplinaire
Porter un jugement de valeur sur l’intervention
Le mot «éthique» signifie science de la morale, art de diriger sa conduite. Il s'agit d'une branche de la philosophie définissant les comportements moralement acceptables. L'éthique peut fortement varier en fonction des valeurs et de la culture.
· Le principe de bienfaisance et non malfaisance
· Le principe de respect de l’autonomie de la personne et de son droit à l’auto-détermination
· Le principe de justice distributive (répartir les services équitablement compte tenu des ressources limitées)
Le terme «déontologie» signifie théorie des devoirs, en morale. La déontologie est l'application de l'éthique sous forme d'obligations auxquelles doivent se soumettre les membres du groupe.
§ Ne trichez pas.
§ Ne mentez pas.
§ Ne volez pas.
§ Traitez les gens avec respect.
Ils suggèrent de satisfaire les quatre classes de besoins de l’être humain (physiques, sociaux, intellectuels et spirituels) et l’épanouissement des quatre capacités qu’ils représentent (vivre, aimer, apprendre et transmettre). Ils suggèrent également le développement de quatre talents qui nous aideront à nous orienter : 1) la conscience de soi, 2) la conscience morale, 3) la volonté indépendante et 4) l’imagination créative.
La confidentialité
L'intervenant
en santé mentale est tenu de garder le secret professionnel. Le respect de la confidentialité garantit la
qualité du service et le maintien de la relation. C'est souvent
l'élément déterminant: le patient consulte un intervenant en santé
mentale parce qu'il n'oserait pas parler de ce qu'il vit avec quelqu'un qui
risquerait de le raconter.
Le
patient nous confie ses secrets et son histoire dans le contexte d'une entente
de traitement. Lui seul peut décider de
nous permettre de les confier à un tiers.
C'est la loi. L'entente initiale
doit donc spécifier à qui l'intervenant confie ses secrets.
Une consultation en milieu hospitalier ou dans un CLSC donne à l'équipe
soignante accès à ces données. Le
patient doit s'attendre à ce qu'il y ait discussion à son sujet entre les
membres du personnel de l'établissement.
Mais aucune information ne devrait sortir de l'institution sans son
consentement.
Attention
aux discussions d'équipe qui se poursuivent dans le couloir, dans l'ascenseur,
à la cantine. Il y a trop d'histoires
navrantes où le patient ou un tiers (un ami, un voisin, un membre de la
famille) entend des professionnels discuter en public d'un sujet
confidentiel. Ne vous fiez pas au fait
que vous ne nommez personne. Un nom ou
un prénom est vite échappé.
Nous
vivons toutefois dans une société qui a décidé de faire passer le bien-être de
ses enfants avant le respect de la confidentialité. Tous les intervenants ont l'obligation de signaler à la Protection de
la jeunesse les situations où un enfant ne reçoit pas les soins appropriés, où
il est exploité sexuellement ou victime de mauvais traitements physiques.
Mathieu prend la confidentialité à coeur. Si l'épouse ou la mère d'un client téléphone
pour savoir s'il s'est présenté à son rendez-vous, il va jusqu'à refuser de
dire s'il connaît la personne en question.
Lorsqu'un organisme lui téléphone, il refuse également de donner quelque
information que ce soit sans
l'autorisation écrite du client.
Mathieu
ne va pas trop loin, mais la pratique courante en santé mentale demande parfois
une attitude un peu plus souple. Le
client qui nous confie son histoire et ses secrets nous prête la clé de sa
maison. Elle continue de lui
appartenir. Lui seul peut nous autoriser
à y laisser entrer quelqu'un d'autre. Il
importe donc d'obtenir son autorisation avant de divulguer quoi que ce soit
hors de l'équipe soignante à laquelle il sait que nous appartenons. La demande d'autorisation est étroitement
associée au consentement éclairé qu'il doit nous donner afin d'obtenir les
soins. En demandant son autorisation,
nous lui témoignons du respect et nous lui reconnaissons le contrôle de sa
vie. C'est un petit surplus de travail
et de temps qui en vaut la peine.
Les conflits d'intérêts
Ce
n'est pas une bonne idée d'acheter le coffre à outils, l'automobile ou la
maison de votre patient en dépression profonde qui se débarrasse de ses biens à
bas prix. Êtes-vous alors à son service
ou au vôtre? L'intervenant en santé
mentale évitera tout ce qui peut sembler compromettre sa position
d'aidant. Pour cette raison, il ne
vendra pas non plus ses biens à un client qui risque d'être sans défense devant
sa position d'autorité.
Denise travaille en milieu communautaire. Elle pense que l'intervenant en santé mentale
doit s'engager et fait régulièrement des visites à domicile, dans des groupes
d'entraide et des soupers communautaires.
Elle devient vite très populaire et fréquente ces mêmes endroits en
soirée. Elle en vient à aider certains
démunis à se sentir plus utiles en leur faisant faire certaines tâches
domestiques et certains petits travaux de rénovation. Cela lui permet de terminer l'aménagement du
bureau personnel où elle reçoit certaines personnes en détresse
gratuitement. Certains clients doivent
payer leur psychothérapie en lui rendant des services : taper ses travaux et ses publications,
garder sa fille ou la conduire à des activités.
Malgré
ses bonnes intentions, Denise se met dans une situation délicate en ayant des
relations d'affaires avec ses clients.
On pourrait se demander si elle tire un profit excessif de leur travail. La situation serait moins problématique si
les échanges de services se déroulaient au sein d'un organisme non lucratif
constitué légalement. Il y aurait alors
un conseil d'administration indépendant qui veillerait à ce que l'argent ne
serve pas pour la satisfaction exclusive d'une personne.
L'absence
de frontière entre la vie personnelle de Denise et sa vie professionnelle la
rend plus vulnérable à l'épuisement professionnel. Cela pose également la question des conflits
d'intérêts. Quand Denise est-elle au service
des clients et quand est-elle à la recherche de la satisfaction de ses
besoins? Sera-t-elle tentée d'utiliser
la relation privilégiée avec une de ses clientes pour l'amener, contre son gré,
par des pressions subtiles, à garder sa fille un samedi soir où elle veut
sortir? Les personnes qui demandent
l'aide d'un intervenant en santé mentale sont vulnérables. Elles risquent d'avoir de la difficulté à lui
dire non. L'absence de cadre
définissant la relation thérapeutique risque de créer de la confusion dans
leurs attentes. Denise joue-t-elle le
rôle d'intervenant, d'employeur, d'ami?
Sera-t-elle toujours là si les patients ont besoin d'elle? Est-elle à leur service? Sont-ils à son service? La situation n'est pas claire.
Les conflits de rôles
Vous
avez été engagé en relation d'aide par une entreprise. Un peu plus tard, la même compagnie veut vous
engager dans la sélection des candidats à un poste de cadre. Vous en avez suivi plusieurs en
psychothérapie. Certains sont
toxicomanes, d'autres détestent le président de la compagnie. Pouvez-vous utiliser les confidences qu'ils
vous ont faites de bonne foi alors qu'ils vous consultaient en tant
qu'intervenant en santé mentale? Ce
serait un manquement à l'éthique. Vous
occupez maintenant une autre fonction.
Ils ne se seraient pas confiés à vous si vous aviez représenté
l'organisation. Ne vous mettez pas en
situation de conflit de rôles.
La fausse représentation
Il
est étonnant de constater que moins l'intervenant en santé mentale a
d'expérience, plus il revendique d'expertises dans différents domaines. Il est, certes, difficile de recruter une clientèle, mais prenez garde à
ne pas sombrer dans la fausse représentation.
Ne faites pas de publicité trompeuse ou prêtant à confusion par
omission. N'exagérez pas votre
compétence ou l'efficacité de vos services.
Assurez-vous que vos services sont conformes à la publicité.
La compétence
Certains
intervenants en santé mentale excellent
auprès des adultes, mais n'ont aucune compétence avec de jeunes
enfants. D'autres sont excellents dans
une approche à court terme, mais n'ont aucune formation pour travailler à long
terme. Vous pouvez faire d'excellentes
évaluations psychologiques pour l'école et être complètement incapable d'en
faire une pour la cour.
Les
temps sont durs, l'argent, difficile à gagner.
Le client a toutefois le droit de faire affaire avec une personne
compétente. Prenez soin de vous former
suffisamment avant de modifier votre champ d'expertise.
Les relations intimes
Évitez
les situations qui risquent d'être nuisibles au client. Les relations sexuelles entre intervenants en
santé mentale et clients en sont un exemple largement publicisé.
Zoé a un bureau privé où elle organise, les fins de
semaine, des groupes de psychothérapie.
Elle en profite pour choisir, parmi les participants, un homme qui lui
plaît. Elle l'entraîne dans sa vie pour
quelque temps, partageant avec lui toutes sortes d'activités sociales,
culturelles et sexuelles. Interrogée sur
son comportement, elle affirme qu'il s'agit de relations normales entre adultes
consentants. Elle trouve ceux qui la
critiquent rigides et frustrés sexuellement.
Pourquoi
l'éthique et la déontologie condamnent-elles des relations sexuelles entre
adultes consentants? Est-ce une règle
morale dépassée? La relation entre
l'intervenant en santé mentale et sa cliente est par définition inégale. La cliente consulte dans un moment de
vulnérabilité. L'intervenant a un
certain prestige et un certain pouvoir.
Il y a risque d'abus de pouvoir quand l'intervenant cesse d'être au
service de sa cliente pour satisfaire ses besoins. Il perd l'objectivité nécessaire à une bonne
évaluation de la situation. Le client
n'a plus de thérapeute. Il risque un
accroissement de sa douleur, de la confusion, et le recours ultérieur à un
autre intervenant sera plus compliqué.
Dans
ce genre de situation, les intervenants ont souvent recours à des
rationalisations: ce serait pour le bien de la cliente, elle aurait la liberté
d'accepter ou de refuser, ou elle serait pleinement consentante. L'intervenant risque toutefois d'être
idéalisé dans cette relation. Il devrait
le savoir. Qu'il ne puisse s'empêcher de
passer à l'acte est révélateur de problèmes personnels, bien plus que d'un
désir réel d'établir une relation intime.
Ces
écarts risquent aussi d'exacerber les problèmes relationnels de personnes qui
ont déjà été victimes d'abus sexuels ou d'inceste. Ils renforcent malheureusement le lien
qu'elles ont pu établir entre intimité et sexualité, ou entre sexualité et abus
du partenaire.
Le message-je: Parler de soi et parler de souhaits
Exprimer des sentiments négatifs et demander un changement de comportement
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