Introduction
Vivre
avec la douleur, c’est tout un contrat!
L’avenir inquiète… C’est une réalité difficile à communiquer.
On n’est pas toujours compris et pris au sérieux.
On se sent jugé. On a parfois l’impression d’être un fardeau.
C’est
apprendre à vivre avec des limites physiques, moins d’ampleur pour certains
mouvements, moins de vitesse d’exécution.
C’est aussi avoir plus de difficulté à faire des tâches, de
travailler et de faire des activités agréables.
Cela peut vouloir dire une perte ou un changement d’emploi, un stress
financier, une productivité diminuée. Cela
amène chez certains des relations familiales tendues.
L’adaptation à la douleur chronique rend plus vulnérable
à la dépression, l’anxiété, la colère, le sentiment d’être inadéquat
et sans valeur, le sentiment de ne pas avoir le contrôle sur sa vie et une
perception de soi comme étant fragile et vulnérable.
Parfois
les émotions prennent le dessus et on se sent découragé, inquiet, fâché.
Certains se sentent impuissants, sans valeur, inadéquats, indignes d’être
aimé. Que faire?
Se dire que tout va bien? Nier
la réalité? Se mentir à soi-même?
Endurer en silence? Nier la réalité n’est pas efficace. Il y a des
limites à la pensée positive.
Qu’est-ce
qu’il y a dans la boîte à outil psychologique pour faire face à la douleur?
Nous
vous invitons d’abord à mieux comprendre les différentes composantes de la
douleur. Vous avez avantage à vous
auto-observer pour apprendre vos caractéristiques personnelles au niveau de la
douleur et des activités quotidiennes. Nous
vous invitons à planifier des activités agréables à la mesure de vos capacités.
Le défi posé par la présence d’une douleur chronique demande le développement
d’habiletés de résolution de problèmes et de gestion du stress. Vous aurez avantage à développer une forme de relaxation
musculaire et à explorer votre capacité de concentration sur des activités de
distraction. En vous intéressant
à votre douleur, à la satisfaction de vos besoins, aux stratégies efficaces
d’adaptation, vous développerez un plus grand sentiment d’efficacité
personnelle et serez moins vulnérable à la détresse émotionnelle.
La dépression et l’anxiété étant souvent associé aux douleurs
chroniques, nous verrons également comment surmonter la détresse émotionnelle.
Nous
vous inviterons à vous intéresser à vous-mêmes et à évaluer la justesse de
vos perceptions.
Comment s’intéresser à soi? Nous vous invitons à devenir votre
propre enquêteur. Vous êtes celui
qui est le mieux placé pour identifier ce qui soulage ou amplifie votre
douleur. Vous êtes le seul qui
peut attraper au vol les images et les pensées qui vous passent par la tête.
Nous vous invitons à identifier ces pensées, à les considérer comme
des hypothèses à vérifier et à les nuancer.
Nous
souhaitons vous aider à devenir plus autonome, à devenir plus efficace dans la
collaboration avec le traitement médical, à nourrir l’espoir en une
meilleure qualité de vie grâce à une gestion réaliste de la douleur.
Qu’est-ce
que la douleur?
La
douleur est une expérience complexe, une expérience subjective
impliquant nos sens, nos émotions, nos pensées, nos actions ou comportements.
La douleur est ce que la personne qui en souffre dit qu’elle est.
Comment
définir la douleur chronique?
Certains auteurs considèrent que c’est la douleur qui dure plus de six
mois, mais c’est une frontière arbitraire.
On considère comme chronique la douleur qui persiste
au-delà du temps où l’on s’attend à une guérison normale.
La douleur aiguë signale des dommages potentiels.
La douleur chronique peut provenir d’une détérioration permanente du
tissu, de l’activation constante des récepteurs de la douleur, de changements
du décodage de l’information au niveau du système nerveux central.
Elle n’a plus alors cette fonction d’avertissement.
La
douleur chronique peut provenir de plus d’une source : Blessures,
maladies, procédures médicales… Elle
implique souvent la présence de plusieurs intervenants, une histoire comprenant
plusieurs diagnostics (mais parfois aucun), et plusieurs traitements dont
l’efficacité n’a pu empêcher la présence résiduelle d’une douleur.
La douleur chronique est souvent associée à la dépression et à
l’anxiété.
Le
cheminement de la douleur passe par la détection par les récepteurs placés
sur la peau, les muscles et les tendons, les organes internes.
Un message électrique est communiqué à la moelle épinière, qui
dirige l’information vers le thalamus puis vers différentes parties du
cerveau. Il y a parfois effet de sensibilisation
(petits bois pour mettre le feu à deux grosses bûches). En même temps que la douleur, certaines pensées ou mémoires
sont suscitées. Certaines émotions
sont activées dans le système limbique.
Exemple :
Sensation de « coup de poignard » dans le bas du dos
·
« Qu’est
qui m’arrive? Je ne peux même
pas ramasser mon journal sans souffrir atrocement.
Je ne devrais pas être pris avec ça. »(frustration)
·
« Je
ne pourrai jamais vivre de nouveau une vie normale. » (désespoir)
L’expérience
de la douleur comprend un processus circulaire.
Les pensées et les émotions activées dans le cerveau modulent le
signal de douleur. Les
pensées, souvenirs et émotions influencent l’expérience de la douleur.
Exemple :
·
Le
souvenir de la mort de mon père par crise cardiaque peut intensifier mes
sensations de malaise à la poitrine.
·
Gagner
à la loterie peut me distraite d’une entorse à la cheville qui me fera moins
mal.
L’expérience
de la douleur varie grandement d’une personne à l’autre.
Certaines personnes expérimentent la douleur sans souffrance.
Ils ont par exemple un haut niveau de tolérance à la douleur.
Ils
gèrent relativement bien la douleur et ses conséquences. D’autres personnes
tolèrent mal la douleur. Ils
s’engagent dans des pensées négatives et catastrophiques.
Ils considèrent que quelque chose ne va pas. Ils se considèrent en danger. Ils
vivent une forte détresse émotionnelle. Ils souffrent aussi des limitations
physiques, des changements de rôles, des troubles relationnels et des problèmes
financiers et légaux. La douleur
n’est pas que physique. Il y a
une souffrance psychosociale.
La
détresse émotionnelle est-elle fréquemment associée à la douleur chronique?
Certains auteurs évaluent que de 30 à 100 % des personnes vivant un
problème de douleur chronique ont des problèmes psychologiques.
C’est
plus que pour ceux qui ont des douleurs aiguës. Les gens qui ont plus de
douleurs ont plus de chance d’être déprimés. Ils ont plus de probabilité
d’interpréter la douleur comme incontrôlable.
Ils risquent plus de généraliser leur réaction aux autres aspects de
leur vie.
Certaines
pensées sont associées à la détresse émotionnelle.
Exemple :
·
Je
ne peux pas contrôler ma douleur. Si
je ne suis pas en contrôle de mon corps, je ne pourrai pas fonctionner du tout. Quelque chose de mauvais va se produire.
Cela va être catastrophique.
·
Pourquoi
moi? Les mauvaises choses
n’arrivent qu’aux mauvaises personnes, n’est-ce pas?
Je dois donc avoir fait quelque chose de mauvais.
Certaines
tendances sont dangereuses. Les
patients en détresse tendent à se concentrer sur les événements négatifs et
sur les facteurs de stress de leur vie, y compris la douleur. Les pensées négatives
et la détresse augmentent la tension musculaire, ce qui augmente la douleur, ce
qui augmente la détresse, etc. (cercle
vicieux).
Avoir
une attitude réaliste et de l’espoir est un des aspects importants dans la
gestion de la douleur.
Cela amène un meilleur ajustement
psychologique, un meilleur fonctionnement physique, un plus faible niveau de
douleur et un meilleur effet des traitements.
Le
bien-être est aussi une question de comportement.
Il vaut mieux éviter l’inactivité, l’isolement social, la
consommation excessive d’aliments, les plaintes incessantes qui éloignent les
gens et la surconsommation de services médicaux.
Certains
chemins mènent vers la frustration, le désespoir,
l’impuissance et le sentiment que l’on ne vaut rien.
- Le
cycle douleur-agitation :
La personne passe de la douleur à la tension musculaire, à la colère,
à l’insomnie, et le tout amplifie la douleur.
- Le
cycle douleur-dépression : La personne souffrante diminue ses
activités agréables, ce qui la déprime, ce qui l’isole, ce qui
intensifie l’expérience de la douleur.
- Le
cycle douleur-activité : Face à
l’augmentation de sa douleur, la personne cesse ses activités, se repose.
Lorsque la douleur diminue, elle s’agite et devient excessivement
active, ce qui ramène une augmentation de la douleur.
Nous
vous invitons à sortir des cycles inefficaces, à mieux connaître votre
douleur et à mieux vous connaître, à identifier les stratégies
d’adaptation inefficaces et à essayer de nouvelles façons de gérer votre
douleur et votre vie.
Références
Hardin,
Kimeron N. (2004). Chronic
pain management. Dans Clinical Handbook of health psychology, 2nd
edition (Paul Camic et Sara knight, Ed.) Chapitre
5, p. 75 à 99
Winterowd,
C., Beck, a. T. et Gruener, D. (2003) Cognitive
therapy with chronic pain patients. New
York: Springer Publishig Company.376 pages.
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Psychologue en milieu hospitalier depuis plus de 35 ans, Bruno Fortin s'intéresse particulièrement aux stratégies d'adaptation face aux situations stressantes de la vie. Il a une vaste expérience d'enseignant et d'animateur d'ateliers. Il est l'auteur et le coauteur de nombreux ouvrages dont Comment améliorer votre médecin? aux Éditions Fides.
Pour me faire parvenir vos commentaires et suggestions: gestiondustress@videotron.ca
Janvier 2020, © Bruno Fortin, psychologue. Tous droits réservés.