Vivre avec le cancer:

 

Strat�gies d'adaptation pour le malade et pour les aidants naturels

 

 

N�ron, S. et Fortin, B. (1993).Vivre avec le cancer: strat�gies d'adaptation pour le malade et pour les aidants naturels.Perspectives psychiatriques.39 (4), 242-251.

 

 

 

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Introduction

 

La pr�sence du cancer dans la vie d'une personne est une �preuve importante qui mobilise une grande quantit� d'�nergie et qui affecte, pendant un certain temps, l'ensemble de sa vie.C�est un �v�nement stressant qui peut �tre per�u comme une menace reli�e � plusieursbesoins fondamentaux : une menace � la sant�, � la vie, � l'int�grit� physique, � l'apparence, � la capacit� de travail, � l'estime de soi et au lien qui relie les gens avec leur entourage.

 

Cette situation am�ne une crise sur deux plans : tout d�abord, en soi, l��preuve peut �tre assez difficile � traverser pour que les moyens habituels de faire face aux difficult�s ne fonctionnent pas; d�autre part, cette maladie et les traitements qui l�accompagnent affaiblissent souvent l'organisme et laissent le patient avec moins de ressources qu'il n�en avait lorsqu'il �tait en pleine possession de ses moyens.

 

Que ce soit parce que l��preuve est trop stressante ou parce que, �tant trop affaibli et vuln�rable, il ne peut avoir recours � ses moyens habituels de d�fense, il y a crise si le patient se retrouve incapable de r�pondre � la situation par des m�canismes ad�quats. Il est alors temporairement submerg� par cette exp�rience et il peut �prouver ce que nous appelons de la d�tresse �motionnelle, c'est � dire un m�lange plus ou moins intense de pens�es, de sentiments et de conduites associ�s � l�anxi�t�, � la d�pression ou � l�agressivit�,les trois cons�quences psychologiques du cancer les mieux document�es dans les publications scientifiques (Diener et Redd, 1987).

 

La pr�sence de la maladie est une source importante de stress pour la personne atteinte mais �galement pour les gens de son entourage: les conjoints, les enfants, les membres de la famille, les amis qui assument aupr�s d'elles le r�le que nous identifierons tour � tour comme celui d'aidant naturel, de personne-soutien, de soignant (ou de soignante, puisqu'il s'agit souvent de femmes).Les soignants se retrouvent souvent dans l'obligation de jongler quotidiennement avec le temps, l'espace, l'�nergie et l'argent disponibles, leur travail, leurs priorit�s et leur syst�me de valeurs.

 

Le r�le d'aidant naturel a parfois aussi un impact sur la sexualit�, sur les relations amicales et sociales, sur les possibilit�s de jouir de moments d'intimit� et de d�tente.Il am�ne � red�finir la r�partition des t�ches m�nag�res, financi�res et relationnelles.Certaines t�ches sp�cifiques s'ajoutent � celles d�j� en place:il faut contr�ler les sympt�mes, surveiller la condition du malade, pr�venir les probl�mes, g�rer les crises, tenir compte des r�gimes alimentaires, se d�brouiller avec les limitations physiques du malade, favoriser le processus de r�habilitation, mettre de l'�nergie � faire face au risque d'isolement.Ce r�le a finalement un effet sur toute la vie de l'aidant naturel (Corbin et Strauss, l988).Cet ensemble de circonstances et de t�ches influence le fonctionnement psychologique de l'aidant, son fonctionnement physique, familial et social ainsi que la qualit� et le maintien de sa relation avec le malade (Fortin et N�ron, 1991).

 

Plusieurs �tudes �tablissent l'importance de programmes d'intervention visant � aider le patient atteint du cancer (Eysenck, 1988; Eysenck et Grossarth-Maticek, 1991; Fawzy, Kemeny, Fawzy, Elashoff, Morton, Cousins, et Fahey, 1990a,b; Grossarth-Maticek et Eysenck, 1989; Redd, Silberfarb, Andersen, Andrykowski, Bovbjerg, Burish, Carpenter, Cleeland, Dolgin, Levy, Mitnick, Morrow, Schover, Spiegel, et Stevens,1991; Weisman et Worden, 1977; Worden, 1987; Worden et Weisman, 1984; Weisman, 1976).

 

Certains auteurs exposent le contenu de programmes d'interventions s'adressant aux patients atteints de cancer (Fortin et N�ron, l990; Gordon, Freidenbergs, Diller, Hibbard, Wolf, Levine, Lipkins, Ezrachi et Lucido, 1980; Moorey, 1989; Grossarth-Maticek et Eysenck, 1991; Sobel et Worden, 1982; Weisman, Worden et Sobel, 1980) et � leurs aidants naturels (Fortin et N�ron, 1991; Goldberg et Wool, 1985; Goldberg, Wool, Tull et Boor, 1984; Heinrich et Schag, 1985; Heinrich et Schag, 1986).

 

L'intervention psychologique d'orientation cognitive que nous proposons vise � aider le malade et les aidants naturels � utiliser leurs ressources pour faire du mieux qu'ils peuvent avec les moyens (internes et externes) � leur disposition dans la situation actuelle.Nous souhaitons principalement �viter que ne se rajoute aux probl�mes physiques et organisationnels qu'ils vivent une d�tresse �motionnelle qui ne saurait qu'amoindrir leurs capacit�s � combattre les effets de la maladie et � avoir une vie le plus agr�able possible.

 

Ce programme contient les outils de restructuration cognitive reconnus efficaces pour le traitement de la d�pression, de l'anxi�t� et de l'agressivit� (Beck, 1976; Emery, 1982, 1987; Feindler et Ecton, 1986), un entra�nement � une forme de relaxation facilitant la gestion des effets secondaires de la chimioth�rapie et de la douleur (Burish, l984; Burish, Carey, Krozely, et Greco,1987; Burish, Snyder et Jenkins, 1991; Carey et Burish,1988; Redd, l984; Sabourin, l974; Turk, et Fernandez, 1990; Turk, Meichenbaum et Genest, 1983; Zilbergeld et Lazarus, l987a, b), un entrainement � la r�solution de probl�mes (Sobel et Worden, 1982) et une incitation � solidifier son r�seau de support.

 

La coh�sion entre les membres d'une famille et la perception de l'ad�quacit� du support environnemental sont en effet reli�es � une meilleure adaptation et � un meilleur pronostic (Friedman, Baer, Nelson, Lane, Smith et Dworkin, 1988; L�vy, 1985).

 

Il ne s'agit pas de faire la morale au patient ou � l'aidant et de leur dire quoi penser.Il ne s'agit pas de "pens�e positive" qui tenterait de leur faire croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes alors qu'ils savent que ce n'est pas le cas.Il s'agit plut�t d'une invitation � remettre en question certaines pens�es, attentes, croyances ou images int�rieures qui non seulement ne leur sont pas utile mais qui peuvent m�me leur �tre nuisible ou toxique.Il s'agit de d�velopper les fa�ons de s'observer, de penser ou de se parler qui sont efficaces pour les amener dans la direction qu'ils souhaitent prendre, c'est � dire dans un �tat o� ils se sentiront mieux et o� leur vie sera plus agr�able.

 

Vous trouverez dans les pages suivantes une br�ve �num�ration de strat�gies cognitives et de techniques de gestion du stress pr�sent�es plus � fond dans les livres Vivre avec le cancer (1990) et Vivre avec un malade... sans le devenir! (1991) parus tous deux aux �ditions du M�ridien.

 

La premi�re �tape dans l'intervention aupr�s de patients atteints du cancer ou de leur entourage consiste � �tablir un lien de confiance et de leur fournir l'occasion d'aborder leurs pr�occupations d'une fa�on non mena�ante.D�j� � cette �tape pr�liminaire, nous voulons encourager la personne � consid�rer sa situation actuelle comme un ensemble de petits probl�mes � r�soudre plut�t que comme une montagne monolithique insurmontable.C'est dans ce but que nous utilisons le Questionnaire des pr�occupations..Il s'agit d'un moyen clinique qui permet d'identifier les pr�occupations, d'en indiquer l'importance subjective et de les aborder une � une en entrevue.

 

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Je suis pr�occup�(e) par:

 

������������������������������������������������������������� ����� ����Pas du tout���� Un peu���� Mod�r�ment���� Assez��� Beaucoup

 

1.. J'ai peur que les gens prennent ����������� _________________________

������ des d�cisions � ma place

2. Je voudrais conna�tre le temps qu'il ������� _________________________

������ me reste � vivre

3. J'ai peur de m'�loigner de l'endroit ������� _________________________

������ o� je vis

4. Je me sens seul(e)��������������������� �������� _________________________

 

5. Je perds de l'int�r�t dans ce que je ����� _________________________

������ fais et ce qui m'entoure

6. J'ai moins d'app�tit����������������� ������ _________________________

 

7. Je me demande s'il y a quelque �� �������� _________________________

������ chose quim'attend apr�s la mort

8. Je perdrai peut-�tre mon emploi��� �������� _________________________

 

9. J'ai peur d'�tre rejet�(e) par ������� ������ _________________________

������ ma famille

10. Je crains de demander de l'aide �� ������ _________________________

������ et du soutien aux autres

11. Je me sens anxieux(se), ���������� ������ _________________________

������ pr�occup�(e), sans �nergie

12. Je fais attention aux moindres ���� ������ _________________________

������ d�tails et �a m'emp�che d'agir

13.Les gens se comportent ��������� ������ _________________________

������ diff�remment avec moi

14. J'ai de moins en moins d'espoir��� ������ _________________________

 

15. L'id�e de ne pas revenir ����������� ������ _________________________

������ comme avant

16. L'id�e de ne pas revenir ����������� ������ _________________________

������ en parfaite sant�

17. L'id�e de ne plus avoir de ��������� ������ _________________________

������ plaisir dans la vie

18. Ma famille souffre de ma ���������� ������ _________________________

������ situation

19. Le nombre de probl�mes ���������� ������ _________________________

������ � r�soudre

20. Les attitudes de l'�quipe ���������� ������ _________________________

������ soignante

21. Le degr� de contr�le que ���������� ������ _________________________

������ j'ai sur ce qui m'arrive

22. Ma capacit� de r�agir aux �������� ������ _________________________

������ �v�nements

23.. Ma fatigue�������������������������� ������ _________________________

 

24. La longueur de mes ��������������� ������ _________________________

������ traitementstraitements

25. Ma pratique religieuse�������������� ������ _________________________

 

26. Ma situation financi�re������������� ������ _________________________

 

27. Ma toux persistante���������������� ������ _________________________

 

28. L'avenir������������������������������� ������ _________________________

 

29. Perdre du poids��������������������� ������ _________________________

 

30. Les maux de t�te������������������� ������ _________________________

 

31. Douter de la valeur de la ���������� ������ _________________________

������ pri�re

 

32. Le fait de pouvoir travailler ��������� ������ _________________________

������ r�guli�rement

 

33. Le fait que ma famille ne ���������� ������ _________________________

������ comprenne pas

 

34. Les disputes � la maison���������� ������ _________________________

 

35. Pouvoir me fier sur mes ����������� ������ _________________________

������ amis

 

36. Ma vie sexuelle��������������������� ������ _________________________

 

37. Etre direct(e) et honn�te ���������� ������ _________________________

������ avec les autres

38. M'arranger dans ma vie ������������ ������ _________________________

������ quotidienne

39. La qualit� de mes ������������������ ������ _________________________

������ traitements

40. L'aide et le r�confort que ���������� ������ _________________________

������ m'apporte ma religion

41. Mon revenu�������������������������� ������ _________________________

 

42. Le fait de satisfaire les ������������ ������ _________________________

������ attentes de mon �poux(se)

43. Ma d�pendance envers ������������ ������ _________________________

������ ma famille

44. La rencontre de mes amis��������� ������ _________________________

 

45. Mon d�couragement��������������� ������ _________________________

 

46. Le fait de prendre les �������������� ������ _________________________

������ choses si s�rieusement

47. Mon estomac, mes ���������������� ������ _________________________

������ intestins

48. Ressentir une faiblesse ����������� ������ _________________________

������ jusqu'� perdre connaissance

49. La fr�quence de ma ��������������� ������ _________________________

������ fr�quentation de l'�glise

50. La possibilit� de devoir ������������ ������ _________________________

������ d�penser toutes mes �conomies

51. La solidit� de mon ����������������� ������ _________________________

������ mariage

52. Le poids que je deviens ����������� ������ _________________________

������ pour mes amis

53. Mon instabilit� �motive������������� ������ _________________________

 

54. Le fait de devenir une �������������� ������ _________________________

������ mauvaise personne

55. Le r�sultat des ��������������������� ������ _________________________

������ traitements

56. Les soins de mon ������������������ ������ _________________________

������ m�decin

57. Mes croyances �������������������� ������ _________________________

�� ����religieuses

58. Ma capacit� � travailler������������ ������ _________________________

 

59. Mon �ge����������������������������� ������ _________________________

 

 

60. Une chirurgie������������������������ ������ _________________________

 

61. Mon souffle court������������������� ������ _________________________

 

62. Ma capacit� de vivre seul���������� ������ _________________________

 

63. La possibilit� de me ��������������� ������ _________________________

������ confier � un ami

64. Mes erreurs pass�es��������������� ������ _________________________

 

65. Le sommeil�������������������������� ������ _________________________

 

66. La douleur��������������������������� ������ _________________________

 

67. L'argent������������������������������ ������ _________________________

 

68. L'avenir de mes enfants������������ ������ _________________________

 

69. Le fait que je suis irritable��������� ������ _________________________

 

70. Ma difficult� � penser �������������� ������ _________________________

������ clairement

71. Les effets secondaires de ��������� ������ _________________________

������ mes m�dicaments

 

 

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Le fait de remplir ce questionnaire permet au client de faire le point sur sa situation actuelle.Cette d�marche sera compl�t�e par l'utilisation de la strat�gie ��PIER�.

 

 

La strat�gie ��PIER�

 

Les pens�es et les sentiments que nous avons au sujet d'un probl�me sont aussi importants que le probl�me lui-m�me en ce qui regarde l'impact d'un stress sur notre vie.Nous encourageons le malade et l'aidant � examiner les �v�nements ou les probl�mes sp�cifiques qu'ils vivent ainsi que les pens�es et les �motions qui leur sont associ�es.Nous leur demandons de s'��PIER�, c'est-�-dire de s'observer attentivement et d'identifier pr�cis�ment leurs sources de stress et leurs r�ponses � ces stresseurs.

 

�� repr�sente l'v�nement ext�rieur qui li� au stress que nous vivons.

P�� repr�sente nos Pens�es en rapport avec cet �v�nement.

I�� repr�sente nos Images int�rieures li�es � cet �v�nement.

Erepr�sente les motions qui nous viennent souvent� la suite de nos pens�es et de nos images stressantes et

R�� repr�sente les R�actions corporelles qui accompagnent cet �tat

 

 

Vous trouverez un r�sum� de cette strat�gie au tableau I.

 

 

Taleau I


 

Nous encourageons les gens � s'auto observer afin d'avoir conscience de la nature de leurs probl�mes et � leurs pr�occupations.Cela leur permettra d'identifier la pr�sence de croyances ou de pens�es erron�es qu'ils pourront confronter par la suite.Vous trouverez au tableau II un exemple de 15 pens�es probl�matiques retrouv�es chez les malades et chez les aidants naturels (Sobel et Worden, 1982; Roberts, 1988).Bien se conna�tre permet d'agir plus efficacement.Il s'agit de la premi�re �tape de la strat�gie "CRI".

 

 

 



 

 

La strat�gie "CRI"

 

Premi�rement, nous encourageons les gens � devenir conscients de leurs sympt�mes, ainsi que des pens�es et des images qui les accompagnent. Deuxi�mement, nous les invitons r�pondre � ces pens�es par des pens�es plus r�alistes et plus adapt�es. Troisi�mement, nous leurs sugg�rons d'initier des actions reli�es aux nouvelles pens�es. Il ne suffit pas de se parler simplement � soi-m�me. Il s'agit de franchir des �tapes concr�tes qui leur prouveront �ventuellement qu'ils peuvent utiliser cette strat�gie efficacement.

 

���� C pour:Conscience de ses pens�es et de ses images int�rieures.

���� R pour:R�pondre � ses pens�es et ses images int�rieures.

���� Ipour:Initier une action pour les modifier

 

 

La r�action des gens aux situations est directement li�e � ce qu'ils se disent en eux-m�mes, au sens qu�ils donnent � l��v�nement.Entre chaque �v�nement ext�rieur et notre r�action �motionnelle, il y a une pens�e ou une image.Imaginez une s�rie de trois bo�tes repr�sentant les trois �tapes du processus:

 

 

 


 

Il est impossible de r�agir � chaque nouvelle situation comme � un �v�nement unique en soi.Nous nous construisons tous des hypoth�ses et des croyances qui nous permettent d'�valuer rapidement les situations que nous rencontrons.Tels des collectionneurs, d�s notre plus jeune �ge, nous apprenons, compilons, d�duisons et rangeons des pens�es au sujet de ce qu'est le monde ou de ce qu'il devrait �tre.

 

Une fois accept�es, ces croyances de base deviennent hors de notre conscience et elles ne sont plus remises en question.Elles deviennent difficiles � isoler et � identifier.Toutefois, elles ne disparaissent pas.Les nouvelles exp�riences sont �valu�es en fonction de ces croyances de base cach�es, inconscientes.L'arriv�e du cancer peut activer en nous des croyances reli�es � la maladie et au r�le d'aidant naturel dont les effets n'ont pas eu l'occasion de se manifester ant�rieurement.

 

Il importe de se souvenir que toute croyance ou r�gle si rigide qu'elle n'admette pas d'exception est irrationnelle, excessivement s�v�re et auto-destructrice.La deuxi�me �tape de la strat�gie CRI consiste � r�pondre aux croyances rigides ou erron�es que nous pouvons avoir, � semer le doute sur ces certitudes nuisibles et �tablir un nouveau discours int�rieur plus utile et plus efficace.Nous allons examiner quelques exemples du type de questions que l'on peut utiliser.

 

 

1) Qu�est-ce qui me prouve que cette pens�e est vraie? Sur quoi puis-je me fonder pour penser cela? Quelle en est la preuve?

Exemple :

Mes amis ne m�aiment plus depuis que j�ai le cancer.

Qu�est-ce qui me prouve que cela est vrai?

Rien de bien pr�cis. Depuis un bout de temps, je refuse de les voir. Ils m�invitaient souvent � les visiter mais c�est moi qui me suis isol�. Peut-�tre est-ce moi qui ne m�aime plus autant qu�avant.

2) Est-ce que je consid�re une simple pens�e comme si c��tait un fait?

Exemple :

Les gens vont me trouver paresseux et sans coeur si jamais je prends quelques heures pour moi loin du malade.

Est-ce un fait ou une pens�e?

Au fond je m�imagine �tre l�objet d�une critique. C�est une crainte que j��prouve. Je la v�rifierai bien plus tard.

3) Est-ce que je suis assez pr�s de la situation pour vraiment savoir ce qui se passe? Ai-je besoin de plus d�information?

Exemple :

Je ne pourrai tol�rer une op�ration. J�aime mieux mourir.

Qu�est-ce que je sais au juste de cette op�ration? Quelles informations m�a-t-on donn�es � son sujet? Comment pourrais-je en savoir plus?

C�est ce que je m�imagine qui me terrorise. Je n�ai jamais pris la peine de me renseigner aupr�s d�une source fiable. Les rumeurs horribles que j�ai entendues (je ne sais trop o�) et ce que j�ai lu dans certains journaux m�ont amen� � �viter m�me d�y penser. Il n�y a pas de danger � prendre plus d�information.

4) Est-ce que je pense en termes cat�goriques du genre �tout ou rien�? Y a-t-il des nuances � apporter?

Exemple :

La vie ne vaut pas la peine d��tre v�cue si je suis limit� par un handicap. Je ne pourrai pas �tre heureux.

Suis-je absolument convaincu qu�il n�y a plus rien du tout qui vaille la peine d��tre v�cu? Rien du tout? C�est un point de vue bien cat�gorique que j�aurais avantage � nuancer. Qu�est-ce qui valait la peine d��tre v�cu avant ma maladie? Qu�est-ce que les autres vivent qui me semble en valoir la peine? Qu�est-ce qui peut encore m��tre accessible, au moins en partie, parmi ces choses?

C�est difficile pour moi de le croire pleinement en ce moment mais je peux imaginer une vie o� je puisse encore aimer, �tre aim�, apprendre et comprendre sauf que cela ne sera pas aussi facile et accessible que je le souhaiterais.

5) Est-ce que j�utilise des g�n�ralisations exag�r�es dans mes pens�es?

Exemple :

Je n'ai pas pu aller visiter ma m�re atteinte du cancer hier.Je suis une fille ingrate.Je ne fais jamais les choses comme il le faut.

Jamais? Jamais? Est-ce que je suis en train de g�n�raliser � partir d'une simple situation?

-��� Je trouve que je me conduis tr�s bien la plupart du temps.Cela n'est pas bien grave de manquer une journ�e de visite.Je vais lui t�l�phoner aujourd'hui.

6) Est-ce que je traite un �v�nement � faible probabilit� comme s�il avait de fortes chances de se r�aliser?

Exemple :

Les voleurs vont vider ma maison en mon absence. Les cambrioleurs vont venir une nuit o� je serai seul et ils vont profiter du fait que je suis malade, faible et sans d�fense pour me malmener.

Est-ce que cela m�inqui�tait auparavant? Quelles sont les probabilit�s qu�un tel �v�nement se produise?

Je n�ai jamais eu cette crainte auparavant. Mes voisins surveillent la maison et j�ai un bon syst�me d�alarme. Cette image o� je me vois mal pris est si forte que parfois je suis persuad� qu�elle se r�alisera.

7) Est-ce que j�oublie mes forces, mes ressources et l�assistance que je peux obtenir?

Exemple :

Une femme � qui il manque un sein n�est plus une femme.

Est-ce que j�oublie des �l�ments importants de ce qui compose ma personne?

Bien que l�ablation d�un sein soit une perte importante pour une femme, je crois que mon mari m�a aim�e pour bien d�autres choses et qu�il m�aime encore. Qu�est-ce que mon conjoint aime chez moi? Il aimait bien mon apparence. Il aimait aussi ma sensualit�, mon humour, mon intelligence, la qualit� de notre relation de complicit�. Apr�s tout, m�me au niveau de mon apparence, il aimait bien autre chose qu�un sein : mes yeux, ma bouche.De plus, j'ai des moyens � ma disposition pour faire face � ce probl�me.Je dois rencontrer quelqu�un au sujet d�une proth�se et je vais prendre de l�information au sujet de la possibilit� d�une reconstruction chirurgicale du sein.

Exemple :

Mon �pouse sort de l'h�pital demain.Je ne pourrai jamais r�ussir � faire la cuisine pour nous deux.

Est-ce que j�oublie mes forces, mes ressources, et l'assistance que je peux obtenir?

J'en sais d�j� assez pour nous permettre de survivre.Je vais demander � ma m�re et � mon �pouse de m'expliquer quelques recettes.J'ai �t� capable d'apprendre � r�nover la maison, je vais �tre capable d'apprendre les rudiments de la cuisine.De plus, je pourrai � l'occasion l'amener au restaurant ou �ventuellement engager une aide cuisini�re pour quelques heures par semaine.

8) Comment verrais-je cette situation si je n��tais pas d�prim�? De quelle autre fa�on peut-on voir cette situation? Y a-t-il des avantages � d�couvrir dans cette situation?

Exemple :

Je vais devoir abandonner mon travail d�ouvrier de la construction. Ma sant� ne me permet plus de continuer. Ma vie est finie. Il n�y a plus rien de bon devant moi.

De quelle autre fa�on peut-on voir cette situation?

Peut-�tre est-ce une importante occasion de changement dans ma vie, une porte qui s�ouvre vers autre chose. Je ne sais pas encore quoi. Ce ne sera pas facile au d�but. Je vais probablement avoir � fournir des efforts. J�en ai d�j� fourni dans ma vie et je peux le faire encore. J�ai de la difficult� � voir ce que me r�serve ma situation actuelle. Avec le recul, peut-�tre vais-je apercevoir une issue. J�ai le temps d�y penser.

9) Comment pourrais-je v�rifier plus � fond ces pens�es qui ne sont que des hypoth�ses?

Exemple :

Perdre ses cheveux, c�est une garantie de rejet. Les gens vont me trouver ridicule.

C�est une hypoth�se. Comment pourrais-je la v�rifier?

Je peux commencer par aller visiter quelques amis et observer leur r�action. Je verrai bien.

Exemple :

Avoir une �pouse qui se remet d'une mastectomie, cela signifie certainement qu'elle ne sera plus int�ress�e � avoir une vie sexuelle active pour un certain temps.

C�est une hypoth�se. Comment pourrais-je la v�rifier?

Je peux commencer par lui exprimer des marques d'affection physique et aborder progressivement la question avec elle. Je verrai bien.

 

10) Ai-je tendance � accorder beaucoup d�importance � quelque chose que je pourrais trouver anodin?

 

Exemple :

Les gens � la plage vont se retourner sur mon passage lorsqu�ils me verront en maillot de bain. Ils vont tous regarder ma cicatrice.

Est-ce que j�accorde beaucoup d�importance � l�id�e qu�ils vont se retourner sur mon passage alors que je pourrais rester indiff�rent?

Peut-�tre, car il a �t� difficile au d�but d�affronter le regard des membres de ma famille. Mais maintenant, je suis � l�aise aupr�s de mon �pouse et de mes enfants. Je suis m�me all� me baigner chez des amis et finalement �a s�est bien pass�. J�avais tr�s peur de leur jugement parce que ce sont des personnes importantes pour moi, des personnes que je c�toie tous les jours. Tandis que sur la plage, ce sont des �trangers dont je pourrais trouver l�opinion sans grande importance.

 

11) Est-ce que je me pose des questions qui n�ont pas de r�ponse?

Exemple :

���� �Quel est le sens de la vie? Pourquoi ce cancer, pourquoi est-ce arriv� � mon mari et pas � quelqu�un d�autre?

Est-ce qu�il s�agit d�une question qui n�a pas de r�ponse?

C�est vrai qu�il s�agit de questions auxquelles il est difficile de trouver une r�ponse. Certains philosophes y consacrent leur existence enti�re. J�aurais peut-�tre avantage � d�penser mon �nergie � r�gler des probl�mes concrets pour l�instant.

 

12) Est-ce que j�ai des attentes r�alistes?

Exemple :

La r�action de mon mari me frustre parce qu�� chaque fois que j�ai besoin de son soutien et que je veux lui parler de mon cancer, cela le bouleverse et il a les larmes aux yeux. Je m�attendais � ce qu�il soit toujours fort, calme et r�ceptif.

Est-ce que j�ai des attentes r�alistes?

Non. C�est normal qu�il soit affect� par ce qui nous arrive. Il m�a d�j� bien appuy�e et je connais ses intentions de m�aider autant qu�il le peut.

 

En plus de ce type de questions, le malade et l'aidant naturel peuvent avoir recours � des commentaires et des directives qu'ils peuvent s'adresser � eux-m�me.Ils peuvent par exemple se dire avant qu'une situation stressante se produise:

 

- Qu'est-ce que j'ai � faire?

- Je peux d�velopper un plan pour affronter cela.

- Cela pourrait �tre une situation difficile.

- Souviens-toi, tu t'en tiens au probl�me � r�gler et tu �vites d'en faire une affaire personnelle.

- Cesse de t'inqui�ter.L'inqui�tude ne te sert � rien.

- Quelles sont les choses utiles que je peux faire plut�t que de m'inqui�ter?

- Envisage toutes les hypoth�ses, pas seulement les fantaisies catastrophiques.

 

Pendant l'�v�nement, plut�t que de se tenir un discours int�rieur nuisible, ils peuvent se dire par exemple:

 

- Je peux faire face � ce d�fi.

- Je garde ma concentration sur le pr�sent: qu'est-ce que j'ai � faire?

- Je fais un pas apr�s l'autre, une �tape � la fois. Je vais d'abord terminer ce que je suis en train de faire.

- Je ne pense pas � mon stress, seulement � ce que j'ai � faire.

- Je reconnais les sympt�mes du stress, je m'y attendais.Ce n'est pas catastrophique, seulement d�sagr�able.

- Ce sont des signaux qui me rappelle qu'il est temps d'utiliser mes techniques de gestion du stress.

- Mes muscles deviennent tendus. Je me d�tends.Je prends une respiration lente et profonde.C'est bien.

- Je m'attends � ce que mon niveau de stress s'�l�ve parfois.C'est normal. Il va fluctuer, monter puis redescendre.

- Je n'essaie pas d'�liminer totalement le stress, je veux simplement le garder � un niveau qui me permette de faire ce qu'il y a � faire.

- N'accorde pas plus d'importance � cette situation que cela n'est n�cessaire.

- Ne saute pas aux conclusions: tu vas voir avec le temps ce qui va se produire et si tes hypoth�ses �taient justifi�es ou erron�es.

- Rappelle-toi que tu connais plusieurs techniques diff�rentes de gestion du stress que tu peux utiliser au besoin.

- Tout cela n'est pas aussi catastrophique que je le per�ois � l'heure actuelle.Plus tard, je verrai cela autrement.

- Je vais m'asseoir confortablement et prendre les choses avec calme.

 

Une fois la situation termin�e, ils peuvent continuer leur discours int�rieur pour faire le point sur ce qui s'est produit, imaginer ce qu'ils feront diff�remment une prochaine fois et se f�liciter de leurs efforts.

 

- Cela s'est mieux pass� que je l'imaginais.

- J'ai accord� plus d'importance � cette situation qu'elle ne le m�ritait vraiment.

- J'acquiers de plus en plus d'habilet� � chaque fois que j'utilise cette fa�on de faire.

- Cela n'a pas fonctionn�.C'est dommage, d�sagr�able, mais pas catastrophique.

- Qu'est-ce que je peux apprendre de cela?

- Qu'est -ce que je ferai diff�remment la prochaine fois?

- Je suis content des progr�s que j'ai faits.Ce n'est pas parfait mais c'est un peu mieux qu'auparavant et j'en suis fier.

- Je me suis assez bien d�brouill�.

- Bon, c'est fait.La prochaine fois, je ferai encore mieux.

 

La troisi�me �tape de la strat�gie CRI consiste � initier une action.Prendre la r�solution d�entreprendre une forme quelconque d�action permet de consid�rer ses pens�es et ses images comme des hypoth�ses que l'on peut aller v�rifier dans la r�alit�. Par exemple, au retour au travail, si le malade va parler avec quelqu�un qui semble l'�viter, le fait de prendre l�initiative de faire un mouvement vers cette personne, de l'appeler et d'�treplus affirmatif permettra de se v�rifier si cette personne a horreur de notre apparence ou si elle est simplement mal � l'aise de ne pas savoir quoi nous dire.Au pire, les pr�occupations du malade peuvent �tre confirm�es. Au mieux, elles s�av�reront injustifi�es. De toute fa�on, le r�sultat de ces exp�riences forment une information pr�cieuse � laquelle il pourra se r�f�rer plus tard pour prendre des d�cisions plus �clair�es.Si le client rapporte que la rencontre avec son m�decin s�est sold�e par plus de questions que de r�ponses et qu'il croit qu�il ne veut pas lui dire la v�rit�, nous l'encouragerons � t�l�phoner, � prendre rendez-vous, � le lui demander, � faire une liste de ses questions, � v�rifier son hypoth�se dans l�action.

 

 

La gestion du stress

 

 

Lazarus et Folkman (l984) divisent les techniques de gestion du stress en deux grandes cat�gories: (l) les techniques orient�es vers les probl�mes, appropri�es aux probl�mes sur lesquels on peut agir ou aux situations modifiables, ne serait-ce qu'en partie, et (2) les techniques ax�es sur les �motions, qui peuvent s'av�rer utiles lorsqu'il y a peu de chance de modifier la situation elle-m�me.Le client est souvent soulag� de constater que m�me s'il ne peut pas modifier certains �v�nements, il peut modifier sa fa�on d'y r�agir:il y a toujours quelque chose � faire!

 

En se familiarisant avec chacune de ces strat�gies, les malades et les aidants naturels d�couvrent que certaines d'entre elles leur conviennent mieux que d'autres.Ce n'est pas surprenant.Comme chacun d'entre nous, ils ont s�rement une fa�on personnelle de faire face au stress.Martelli et ses collaborateurs (1987) ont soulign� le fait que certaines personnes pr�f�rent des strat�gies ax�es sur la t�che tandis que d'autres pr�f�rent celles ax�es sur l'aspect �motionnel et que d'autres enfin utilisent un m�lange des deux types de strat�gies dans des proportions variables.

 

Notons que le but de notre intervention n'est pas d'enlever compl�tement le stress du patient, mais plut�t de le ramener � un niveau qui lui permette de r�agir de mani�re constructive.Vous trouverez dans le tableau III une courte pr�sentation de diff�rentes strat�gies de gestion du stress que l'on peut utiliser.

 

TableauIII

 

Techniques de gestion du stress

 

 

Orient�es vers les probl�mes

 

- Amasser de l'information de qualit�

��� Questionner son m�decin:

��� Faire une liste de questions

��� Se faire accompagner

��� Consulter les institutions pertinentes

��� Conserver un point de vue critique

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- La r�solution de probl�me

a) Qu'est-ce qui me pr�occupe?

b) Qu'est-ce que je veux?

c) Qu'est-ce que je peux faire?

d) Qu'est-ce que cela me donne-

��� rait et � quels co�ts?

e) Qu'est-ce que je choisis?

f) Est-ce que je peux le faire?

g) Maintenant, je le fais!

h) Est-ce que cela a �t� efficace?

 

- L'entra�nement aux habilet�s de communication:

Dire non

Demander un changement (souhaits)

Exprimer ses �motions

R�pondre aux critiques

 

- La gestion du temps

Faire un horaire incluant des activit�s agr�ables

�tablir des priorit�s

 

- La mobilisation du support des gens de l'entourage

Informer les gens de vos besoins pr�cis

Remercier

Accepter que l'aide re�ue soit imparfaite

Accepter que les gens vous aident de fa�ons diff�rentes: confidence, loisirs, ex�cution de t�ches, fourniture de moyens et de ressources

Parler d'autre chose que de la maladie

 

- Les efforts pour changer l'environnement

Le rendre plus s�curitaire

Le rendre plus simple

 

- Se retirer de l'environnement

P�riode de repos et d'intimit�

 

 

 

 

Orient�es vers les �motions

 

- D�tourner son attention

�� Lecture

�� Marche

�� T�l�phone

�� Visites

�� Sport

�� Bricolage

 

- Rechercher le sens de ce que l'on vit

�� Aspectreligieux

�� Se rappeler ses intentions

�� Ses valeurs et ses croyances

 

- Prendre une distance �motionnelle

�� Regarder cela de plus loin

�� Humour, d�dramatiser

 

- Se comparer � d'autres personnes dans la m�me situation

�� Pas seulement � ce qu'elles r�ussis-sent:

�� A ce qu'elles vivent de semblable.

 

- Exprimer ses sentiments

�� A un confident

�� Aux membres de la famille

 

- L'auto observation

�� Mieux se conna�tre

 

 

- Se parler comme � un ami

�� Se donner des directives et des encouragements

 

- R�viser ses crit�res d'�valuation afin d'�viter de se demander l'impossible

 

- L'entra�nement � la relaxation

 

 

 

 

Commentaires cliniques

 

Le malade atteint du cancer et l'aidant naturel qui s'en occupent ne sont pas habituellement � la recherche d'une psychoth�rapie (Worden, 1987).Ils cherchent de l'aide pour se sentir mieux physiquement, pour r�gler leurs probl�mes imm�diats et pour planifier ce qu'ils auront �ventuellement � faire.Cela n'enl�ve pas au clinicien la responsabilit� de voir � ce qu'une �valuation suffisamment compl�te soit faite afin de pouvoir choisir l'outil th�rapeutique le plus appropri�.Il aura � tenir compte de ses connaissances en ce qui concerne la personnalit� et les processus inconscients de la personne qu'il a devant lui (N�ron, 1991).L'apprentissage de strat�gies d'adaptation appropri�es ne n�cessite toutefois pas n�cessairement de la part du patient une compr�hension �tendue des �l�ments intrapsychiques qui influencent sa conduite.Nous croyons que le travail concret aupr�s de cette client�le demande un am�nagement important de l'intervention afin qu'elle puisse �tre disponible � court terme � un ensemble de personnes qui n'auraient possiblement ni l'int�r�t, ni la disponibilit� et parfois ni la capacit� d'entreprendre une psychoth�rapie � long terme.�� Sobel et Worden (1982) rapportent que les clients traversent pour une grande part une p�riode de grande vuln�rabilit� quatre � cinq semaines apr�s le diagnostic.L'intervention sera d'autant plus efficace qu'elle suivra de pr�s l'annonce du diagnostic.

 

La litt�rature sur les interventions de groupe rapporte des r�sultats mitig�s (Heinrich et Schag, 1985).Notre exp�rience nous am�ne � favoriser une intervention individuelle � court terme qui permettra d'ajuster les strat�gies sur mesure (Fawzy et al 1990a,b; Worden, 1987).L'intervention individuelle, sur rendez-vous ou au pied du lit du malade, permet d'�noncer des messages d'espoir � un moment o� le malade ou l'aidant en a le plus besoin.

 

Un des d�fis du r�le de clinicien aupr�s d'un malade atteint du cancer ou aupr�s de son entourage consiste � motiver la personne � utiliser ses ressources de fa�on optimale sans la submerger d'information et sans la culpabiliser en lui laissant entendre que tout ne d�pend que d'elle.Il s'agit de renforcer son sentiment d'autocontr�le et de ma�trise personnelle sans lui faire croire qu'elle est toute puissante et qu'elle peut contr�ler compl�tement le cancer.La d�ception qu'elle risque d'�prouver peut �tre n�faste.Nous sugg�rons plut�t d'encourager la personne � faire de son mieux pour augmenter ses chances d'obtenir une vie plus agr�able.Pour utiliser une analogie sportive, nous pourrions dire qu'il s'agit de se placer l� o� l'on a le plus de chance de compter un but.Personne ne peut garantir au joueur qu'il comptera effectivement un but ... mais s'il fait sa part, il a plus de chance de prendre plaisir au jeu et �ventuellement de terminer vainqueur.

 

 

Conclusion

 

Nous invitons les malades et les aidants naturels � trouver leur fa�on personnelle d'amasser de l'information, de r�soudre des probl�mes, de planifier des activit�s agr�ables, de profiter de la pr�sence de gens de leur entourage, de prendre soin d'eux-m�mes, ainsi que de g�rer leurs pens�es, leurs images int�rieures, et leurs �motions.Ils identifient naturellement des pr�f�rences en ce qui concerne les strat�gies sugg�r�es.Nous les encourageons � d�velopper ces strat�gies, tout en se rappelant que plus ils auront un r�pertoire vari� de moyens de faire face aux difficult�s, plus ils auront de chances d'obtenir les r�sultats qu'ils d�sirent.

 

Nous encourageons pareillement les intervenants aupr�s des malades atteints du cancer et aupr�s de leur entourage � d�velopper leurs outils d'intervention pour y inclure les strat�gies cognitives, les techniques de gestion du stress, ainsi que les techniques de contr�le de la douleur.

 

 

 

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Psychologue en milieu hospitalier depuis plus de 35 ans, Bruno Fortin s'int�resse particuli�rement aux strat�gies d'adaptation face aux situations stressantes de la vie. Il a une vaste exp�rience d'enseignant et d'animateur d'ateliers. Il est l'auteur et le coauteur de nombreux ouvrages dont Comment am�liorer votre m�decin? aux �ditions Fides.




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Avril 2021, � Bruno Fortin, psychologue. Tous droits r�serv�s.